28 août 2013

Kaak kaak

Il tient de l’analphabétisme historique et sociopolitique de croire que la Révolution – toute révolution – tiendra ses promesses. Car toute révolution porte en elle les germes de moments thermidoriens où ses idéaux se retrouveront à terre, fanés, délavés, et où la contre-révolution tentera de jeter les bases du nouveau régime politique. La République française a mis près de 60 ans à se construire, et plus de 80 ans à se stabiliser. Ceux qui, aujourd’hui, fuient le régime syrien sont ceux-là mêmes qui ont applaudi au coup d’état de Hafez el Assad, ceux-là mêmes qui y reviendront applaudir les « takfiristes » qui auront fait place nette, et ceux-là mêmes qui chasseront les fondamentalistes du pouvoir pour les remplacer par d’autres dictateurs. Car les nations arabes ne sont pas mûres pour le modèle démocratique occidental. Une seule constante : aucun régime syrien n’accordera au Liban le droit à l’indépendance. Il faut impérativement faire cesser cette vague d’hypocrisie qui submerge le Liban. Les « pauvres réfugiés syriens », qui ce ne sont que « des êtres humains, arrachés à leur terre par la violence », bla bla, sont pour leur grande majorité d’anciens partisans du régime syrien, d’anciens membres des services sanguinaires de renseignements, geôliers à Mazzé et Anjar, membres de l’armée barbare qui a massacré de sang-froid 12 soldats à Dahr el wahech, et tué à la baïonnette des dizaines de militaires et de civils pour ne s’en tenir qu’à ce tristement célèbre 13 octobre 1990, partisans d’un régime qui n’a eu de cesse de collaborer avec Israël, se montrant plus pressé encore quand il s’agissait de se partager le gâteau libanais, partisans d’un régime qui n’assassine pas les Libanais pour leur confession, leurs idéaux ou leurs actes, mais simplement parce qu’ils sont Libanais. Et parmi ceux qui n’ont pas combattu, espionné, collaboré, aucun de ces « pauvres réfugiés syriens » n’a jamais levé le petit doigt pour le Liban. Certes, leurs enfants ne méritent pas de mourir massacrés, mais ils ne méritent pas que nous mourions pour eux et que notre pays soit une fois de plus asphyxié par une présence syrienne parasite et anthropophage, de réfugiés ou non. Le peuple syrien a pendant 40 ans applaudi la famille Assad, il n’y a pas si longtemps, le rejeton ophtalmo était élu à 98% des voix, que les Syriens ne viennent pas nous faire porter la responsabilité de ses enfants qu’ils ont d’ailleurs formatés dès leur plus tendre enfance sur le mode « anti-libanité », concept dont ils ne se dépareront jamais, quel que soit le régime politique. N’oublions pas : pour le peuple syrien, tous bords confondus, le Liban reste et restera un district de la Syrie. Il ne faut pas tomber dans le piège de la « fraternité », ceux que nous accueillons aujourd’hui en notre demeure nous poignarderons dans le dos dès qu’ils seront en mesure de le faire. Aucun Syrien, bon nationaliste, n’acceptera que le Liban soit indépendant de la Syrie, ne serait-ce que pour des intérêts stratégiques et économiques. La question ne relève pas de charité chrétienne, mais de survie pour les Libanais. Notre pays s’est suffisamment saigné aux quatre veines pour nourrir sa « grande sœur » (tiens, donc ! comme les rôles sont inversés !). Assez de fausse humanité et d’imposture ! Peu d’entre nous se soucient du sort des réfugiés syriens et nos anciens bourreaux se promènent parmi nous. Le « kaak kaak » résonne encore dans nos oreilles pire qu’un glas. Quant à ceux qui ont la mémoire courte et défendent aujourd’hui le régime par peur des « takfiristes », ceux-là sont réputés pour avoir déjà retourné leur veste en d’autres occasions. Ils ne sont même pas dignes qu’on baisse les yeux sur eux, même pour les qualifier d’hypocrites.

8 mai 2013

J'ai horreur de ces manifestations de malheur amoureux propres aux esprits vulgaires. Aucun être supérieur ne tolérerait un amour rendu par pitié, ni ne serait capable, d'ailleurs, d'aimer par pitié. C'est affreusement paradoxal.
07/05/13

J'ai horreur aussi de ces êtres solitaires qui affichent insolemment leurs souffrances et leur donnent de l'ampleur dans le seul but d'attirer sur eux des regards qu'ils voudraient chaleureux, et qui, insatiables parce qu'ils manquent d'amour, tentent à force de réthorique et de séduction de tirer avec eux les âmes fortes dans le gouffre de leur propre insignifiance, ou de leur attacher aux pieds le boulet de leur propre désespoir.
08/05/13

22 févr. 2013

Renaissance

Comme un serpent qui mue, je perds ma peau; elle craquèle, se détache, tombe, s’effrite. Le jour va bientôt se lever, il est sur moi, je sens la douceur des rayons du soleil nourrir ces minuscules fragments qui se forment et me donneront mon nouveau manteau dans lequel se reflètent déjà mes succès, mes nouvelles amitiés, mes amours de lumière.

J’ai pensé un moment me comparer à un oiseau perdant son plumage. La comparaison reptilienne est plus adéquate. Même si la mue est indolore, l’image en elle-même crie la douleur.  Une plume se détache simplement, s’envole avec grâce ; elle ne saurait que s’en aller voltiger doucement, caresser les joues des enfants et des amoureux, avant de se poser d’un mouvement voluptueux à un endroit où elle sait que celui-là même qui l’a perdue s’empressera de la ramasser soigneusement pour la déposer avec non moins de précaution et d’amour sur la branche accueillante où il aura choisi de faire son nid.

Le serpent ne ramasse pas sa peau. Et si un quelconque collectionneur ou chercheur ne vient la ramasser, si un enfant ne l’exhibe fièrement, toute pâle et morte qu’elle soit, elle se perd en miettes loin des regards, des nids et des branches, confondues dans la poussière et la pierre d’où elle n’est jamais sortie. Mais, au moment de se coucher définitivement en terre, n’ayant rien perdu de son orgueil, elle se recroqueville silencieusement sur elle-même dans un dernier soubresaut de douleur digne, et vient mourir au pied de la pierre où celui qui l’arborait majestueusement s’endort le temps de s’envelopper d’une autre pèlerine.

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