13 mai 2008

Effluves beyrouthins

« Kess ekhta, mnen jebta, masculin, ya khayyé??!!! »
C’est Nayla qui monte sur ses grands chevaux, parce qu’« effluve », c’est un nom masculin.

« Effluve ! Tout ce qu’il y a de plus féminin !! »
Je suis d’accord. Je souris.

Mes effluves à moi, ce sont celles d’un kaak b zaatar, celles d’une man2ouché, celles d’un taouk…
Celles des taxis qui roulent au mazout.
Celles des femmes voilées.
Celles de la rue.
Celles des fleurs de mon jardin.

Et j’insiste sur le « celles ». Pronom démonstratif. FEMININ.

Il y a aussi les effluves de sons.
Celles des klaxons à tout-va.
Celles des plaintes des mendiantes.
Celles des cris de vendeurs de poisson ou de légumes.
Celles des haut-parleurs.
Celles des gendarmes.

Et puis les effluves qu’on ne sent pas, qu’on n’entend pas.
Celles qui nous collent à la peau.
Celles d’un pays qui chavire. Le mien.

« Quel pays ?
Le rêve ? L’illusion ? L’arène ? »

Je ne sais pas. Mais les effluves, elles, elles sont bien là.

Le destin volé du Liban.
La destinée d’une Nation.
L’incertitude d’un peuple. Ecrasante, étouffante.
Et la déchirure. La honte.

Oui, je sais, c’est naïf, mais c’est un cri du cœur.
Non mais, regarde-toi. « As-tu du cœur ? ».
Tu te mets des œillères, à toi et aux autres. Et tu accuses les autres.
Pour pas voir tes échecs, ta lâcheté.
Réveille-toi, Youmna.

Ne pas se réveiller. Ne pas voir.
Boire, seulement.
Et je bois au Liban, à ses douleurs, à ses déchirures, à sa beauté, à sa splendeur... Qui n'existent que dans ma tête, dans mon âme d'enfant.
On nous avait trop parlé du Liban vert, du Liban message, du Liban je ne sais quoi. C'est là le piège. Faut pas croire les adultes.

2 commentaires:

ضمير مستتر a dit…

"faut pas croire les adultes"
heh c bien ca.
un peu a la SaintExupery :p

Anonyme a dit…

C'est Touchant!!!! mais c'est surtout "Rive Droite" que j'ai aime le plus.... Chapeau Bas!

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